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Au jour le jour
17 mars 2010

Suite de mon roman d'enfance

Mes fesses devaient être très rebondies, car une année où mon père prenait ses congés avec nous, elles attirèrent encore les foudres de guerre d’un adulte.

     Cette année là, l’eau de la source fut amenée au centre du village que formait les cabanons. Mais la rocaille avait empêché les maçons d’enterrer le tuyau. Il courait le long du chemin, de la source au robinet en passant par les poubelles, le viaduc et les escaliers qui arrivaient devant chez moi, avant de redescendre vers le chemin et arriver au robinet commun. La dénivellation, entre le seuil de mon cabanon et la borne où était fixé le robinet, était assez importante et le tuyau à cet endroit s’élevait à plus d’un mètre du sol sur plus d’un mètre de long.   
     Par là-dessus, un grand soleil féroce qui faisait luire ce tuyau d’acier, comme pour nous donner encore plus envie de le toucher.

Notre plus grand plaisir était bien sur d’y faire le cochon pendu, malgré les interdictions formelles de tous les habitants. Mais le plaisir était le plus fort et à l’heure précédant le déjeuner, personne ne fréquentait ces lieux.
     La Piade et moi, pendus la tête en bas, nous regardions les fourmis courir sur le sol. Il y avait là, l’entrée d’une belle fourmilière. Les fourmis allaient et venaient en double colonne, comme les dockers sur le port de Marseille quand arrivent les gros cargos de balles de coton. Parfois quand nous soufflions très fort, un grand désordre agitait la tête de la colonne ; les fourmis courraient éperdues, dans tous les sens et celles qui avaient une grosse tête rouge sortaient rapidement de la fourmilière comme des renforts armés jusqu’aux mandibules. Absorbés dans nos observations au combien instructives, nous n’avions pas entendu arriver «  la vieille ». Mais les deux pieds tordus aux oignons proéminents qui s’offraient à ma vue, étaient certainement porteurs d’ennuis.

Aussi loin que remontent mes souvenirs, je la revois toujours au même endroit, toujours pareille, très maigre, à peine voûtée, toute vêtue de noir, avec d’étranges yeux, très clairs, à demi-fermés. Je ne l’ai jamais vue autrement que vieille et je ne l’ai jamais vue vieillir vraiment. Les pieds qui s’offraient à ma vue bougèrent et une petite tape sur le mollet gauche me rappela au monde des deux pattes.

«  Descendez de là les minots ! Vous allez tout casser ! »

  Un prompt redressement nous remit sur nos pieds, la tête encore toute rougie et bourdonnante du sang emmagasiné. Et sans demander notre reste, nous avons détallé vers notre cabane, laissant derrière nous pour ne pas l’entendre le rituel :

«  Je vais le dire à vos parents, moi !!! »

  Faut croire que cette fois-ci l’affaire fut grave, car elle y était allée chez mes parents !!!

  L’heure du déjeuner approchant, je décidais de rentrer avant que Maman ne m’appelle, peut être pour vérifier aussi, si la vieille avait mis sa menace à exécution. Mon père m’attendait au bout du chemin, chose inhabituelle qui me fit hâter le pas et serrer les fesses, mes genoux paraissaient se dérober sous moi et je ne savais plus où diriger mon regard ! Mon père était encore en pantalon de pyjama et en tricot de corps, mais il était droit comme un if, les bras croisés et me regardait avancer en silence. Arrivée à sa hauteur, il m’arrêta d’un geste.

«  - Viens un peu là, toi ? Qu’est ce qu’elle m’a dit Mme Carbonari ? Tu lui as répondu quand elle t’a demandée de descendre du tuyau ?

Je n’aimais pas, mais alors pas du tout lorsqu’il faisait les questions et les réponses. Et avant même que j’ai le temps de m’expliquer, une large main chercha à s’abattre sur mon postérieur. Voyant la fessée arriver, je fis une parade de toréador en rentrant les fesses et m’agrippais pour ne pas tomber au basque du pyjama. Et là, pauvre de moi, je me retrouvais par terre et le pantalon m’avait suivi. Mon père toujours droit, hébété, regardait avec stupeur le pyjama roulé à ses pieds
   
Dans la même seconde et avant qu’il ne reprenne ses esprits, j’étais partie en courant en direction de la colline qui bordait la maison. J’y grimpais le plus haut possible et me laissais tomber sur les aiguilles de pins qui me piquèrent les jambes et les chevilles. En bas mon père remontait son pantalon et nouait le cordon de la taille sans même lever les yeux vers moi, sans même esquisser un geste pour me suivre. Il s’en retourna au cabanon où ma mère et ma sœur l’attendaient hilares. Je sentais qu’elles n’auraient pas dû rire, car ça ne faisait qu’aggraver mon cas

Je suis restée là, jusqu’à la tombée de la nuit sans que la pensée de redescendre ne m’effleure, plus le temps passait, plus je savais que le retour était impossible. C’est vers dix neuf  heures que ma mère est venue me voir, elle ne riait plus.

«  - Alors tu comptes coucher ici ou quoi ? me demanda-t- elle

  Je ne savais pas si c’était du lard ou du cochon, et j’attendais la suite avant de répondre.

-         Allez descends manger, tu n’as rien avalé de la journée. »

  C’est vrai que le petit déjeuner bien que copieux était très loin, mais alors, très, très loin….

Je la suivis la mort dans l’âme. Mon père ne me dit rien, je mangeais et allais me coucher bien vite, sans demander mon reste, pas de bain, pas de veillée, envie de disparaître….

  Le lendemain, ma soeur se chargea de me raconter l’épisode manquant. Mon père bien qu’en colère que j’ai mal répondu à une dame âgée, avait trouvé le coup du pyjama rigolo, de plus  Piadon au courant de mon aventure, lui avait certifié que n’avions rien dit à la vieille dame et mon père l'avait crû.

  Vous pouvez lire le début et la suite sur Le Resquiadou dans la colonne de droite

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Commentaires
M
- hahah Zip!<br /> - merci Mamita!!
M
belle écriture <br /> bise bonne fin journée
Z
OK tu as raison ma langue , non ma souris a fourché, drôle de lapsus, il était beau le petit animal j'espère (!!! oh la vilaine !)
M
merci Elisa
E
Cou cou, <br /> Des très beaux souvenirs...<br /> À très bientôt et bel mercredi <br /> Elisa, Argentine
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